HISTORIQUE
La Société académique de Cherbourg a été créée le 14 janvier 1755 par Pierre Anquetil, prêtre, Jean-François Delaville, médecin, Thomas Groult, procureur de l’Amirauté, Voisin La Hougue, professeur d’hydrographie, Gilles-Pierre Avoyne de Chantereyne, receveur de l’Amirauté, et Pierre Fréret, sculpteur. La première séance se tint le 1er mai suivant, et Pierre Anquetil en devint premier directeur.
Principale manifestation de la sociabilité des « élites » locales de l’époque, qui appréciaient de se réunir pour partager leurs connaissances, cette Société naquit alors que Cherbourg, avec le développement de son port, acquérait un poids économique essentiel dans le Cotentin.
Dotée de la devise « Religion et honneur » suggérée par le jésuite caennais Yves-Marie André, la Société se tint toutefois à l’écart des discussions politiques et théologiques. Davantage scientifique que littéraire ou philosophique, l’académie s’est intéressée particulièrement, dès ses origines, à l’histoire locale (Chantereyne et Voisin La Hougue ont composé chacun une histoire de Cherbourg) et à l’archéologie (études des Pierres Pouquelées de Vauville). La vocation maritime de Cherbourg a également influencé nombre de ses recherches.
La première décennie vit l’arrivée de 57 nouveaux membres. Ils travaillèrent en vue d’agir de manière pratique dans la vie économique et sociale locale, en particulier dans le domaine du commerce et de la navigation. La Société, reconnue par le roi en 1775, organisa un concours d’hydrographie annuel pour valoriser les élèves les plus méritants.
Commandant de la place de Cherbourg, Charles-François Dumouriez, élu à la Société en 1779, la dirigea à partir de 1781. Résolu à dynamiser les travaux académiques, il interpella ainsi ses confrères : « Lorsque le roi s’occupe essentiellement de l’augmentation de notre ville, lorsqu’il veut la rendre une des plus importantes du royaume en se procurant dans sa rade, par des travaux aussi glorieux qu’immenses, un asile assuré pour ses vaisseaux de guerre ; lorsqu’il joint à ce grand projet l’attention paternelle de favoriser l’augmentation de votre commerce, de vos fortunes et de votre bien-être, l’accroissement de vos habitants, l’embellissement de votre ville, en employant annuellement des fonds à vous former un port marchand, je crois que notre Société doit se livrer avec zèle à cette impulsion générale. » Il les appela ainsi à rédiger des synthèses sur l’économie locale, l’agriculture et la démographie, regroupées au sein de Mémoires sur le Cotentin qui ne furent pas publiés.
Ayant interrompu ses séances en 1783, la Société reprit ses travaux en 1807 sous l’impulsion de Thomas Groult, cofondateur et principal animateur avant la Révolution.
Elle reçut notamment Alexis de Tocqueville en 1835 pour une étude sur le paupérisme, et Emmanuel Liais qui donna, en 1849, une communication sur les perturbations mutuelles des planètes et les oscillations du baromètre.
Elle célébra son bicentenaire en 1955 sous la présidence de Charles Braibant, directeur des Archives de France, et son 250e anniversaire en 2005 sous la présidence de Pierre Messmer, ancien Premier ministre et chancelier de l’Institut de France.
Membre de la Conférence nationale des Académies, la Société participe régulièrement aux congrès annuels de la Fédération des Sociétés historiques et archéologiques de Normandie (FSHAN) dont elle a organisé les sessions de 1990, « Les Normands et la mer », et de 2020, « Ports et lieux d’échange en Normandie : les pôles commerciaux et leurs arrière-pays », ce dernier tenu de manière virtuelle pour cause de pandémie.
La Société académique publie depuis 1833 des Mémoires regroupant une sélection des communications prononcées en séance par ses membres. Le 36e volume a paru en 2019.
Dénominations :
1755-1793 ; 1807-1833 : Société académique de Cherbourg ;
1833-1847 : Société royale académique de Cherbourg ;
1848-1855 : Société nationale académique de Cherbourg ;
1856-1867 : Société impériale académique de Cherbourg ;
Depuis 1871 : Société nationale académique de Cherbourg.
Membres historiques :
Outre ses six fondateurs, la Société académique de Cherbourg a notamment compté parmi ses membres Mgr de Beauvais, le mathématicien Louis-Augustin Cauchy, l’astronome Emmanuel Liais, les ingénieurs Joseph Cachin, Prosper Payerne et Louis-Émile Bertin, le préhistorien Georges Rouxel, les historiens Charles de Gerville, Constant Demons, Louis-Charles Bisson, Émile Le Chanteur de Pontaumont, Jean-Baptiste Leroux, Gustave Amiot, François Emanuelli, Alfred Galland, André Rostand, Augustin Le Maresquier, Charles-Hippolyte Pouthas, Jeanne-Marie Gaudillot, Bernard Jacqueline, Pierre Leberruyer, Jean-Baptiste Lechat, André Plaisse, Roger-Jean Lebarbanchon et Robert Lerouvillois, les linguistes Jean Fleury et Fernand Lechanteur, les naturalistes Jacques-François Dicquemare, Louis Corbière et Léon Favier, les maires de Cherbourg Augustin Asselin, Gabriel Noël, Pierre-Joseph Delaville, Paul-Honoré Javain, Nicolas Noël-Agnès, Joseph-Alfred Liais, Charles Renault et René Rosette, le maire de La Glacerie Henri Menut, l’avocat Adrien Legrin, le capitaine de vaisseau et explorateur Henri Jouan, l’architecte René Levavasseur, les peintres Louis-Barthélemy Fréret, Pierre Campain, Émile Dorrée, Michel-Adrien Servant et Pierre Le Conte, les sculpteurs Armand Le Véel et Marcel Jacques, le critique d’art et mécène Thomas Henry, l’historien de l’art Lucien Lepoittevin, les archivistes du département François-Nicolas Dubosc, Paul Le Cacheux et Yves Nédélec.